Lorsque Justin l’Exalté a finalement posé pied sur le continent, il s’attendait à trouver une étendue immaculée, riche de ressources et vierge d’enemis. Cette pensée n’a duré qu’un instant. La présence de sauvages sur ce continent s’est rapidement fait sentir. Malgré les habitants du continent, les envoyés D’Orléaux et les riches entrepreneurs ayant financé l’expédition ont choisi de s’établir sur l’archipel cristallin et de cohabiter même temporairement avec ce peuple indigène se situant entre eux et le reste du continent. Cent ans plus tard, la ville de Juste prospèrait, avec en son cœur l’Académie. La paix relative avec les natifs a permis au colons de s’installer et de créer une ville qui deviendrait un enjeu majeur dans l’histoire humaine, mais leur refus incessant de laisser les humains traverser les montagnes causait quelques remous ça et là chez les érudits.

Malheureusement, le calme ne pouvait durer. Les habitants de Juste, hommes et femmes savants ou travailleurs acharnés, croyaient que la menace viendrait des natifs. Ils étaient convaincus que ceux-ci tenteraient de les repousser. Ils ne pouvaient même imaginer que la guerre qui serait amenée à leur porte prendrait racine dans les tréfonds de leur histoire. Avec la distance qui les séparait du continent principal, de leur mère-patrie, ils n’ont pas eu conscience immédiatement de la menace. De ce qu’ils ont entendu, les Arikaseas ont attaqué rapidement et ont été sans merci, traquant et chassant les humains jusque dans les confins de leurs terres. Ils ont été d’une cruauté nourrie par les années d’exil. Ils ont repris leur territoire à une vitesse foudroyante et en seulement quelques années, la race humaine se trouvait sur le point d’abdiquer. Certains se sont rangés du côté de l’envahisseur, préférant la vie sous un régime tyrannique aux massacres sans nom. D’autres sont restés pour se battre. Et finalement les autres ont abandonné les terres pour se regrouper ailleurs. C’est ainsi que l’exode vers le continent inconnu a commencé.

Depuis, la ville de Juste se trouve au cœur d’une guerre politique entre ses dirigeants neutres et les envoyés de la mère-patrie. De plus en plus, les humains veulent savoir ce qui se cache par-delà les grandes montagnes bordant l’horizon, loin à l’est de la grande plaine.

Les humains, aussi curieux et désespérés fussent-ils, n’imagine même pas les troubles et les secrets de ce continent. Ils l’imaginent comme leur dernier espoir, voyant Juste comme le dernier bastion de l’humanité. Ils ne pouvaient cependant concevoir tout ce que renferment ces contrées sauvages. Il n’avait vu qu’une portion de ce que le continent renfermait : l’archipel cristallin et la grande plaine. Gardés par un peuple exilé d’hommes-bêtes, le territoire central du continent était méconnu des Justiniens. Ils n’avaient connaissance de ses farouches habitants que par les rumeurs et les explications que leurs avaient donné les natifs : des barbares fanatiques servant des idoles de métal chez qui une peur révérencielle de la technologie avait été fomentée. Leur territoire était parsemé de richesses et de secrets dont même les habitants ignoraient la vraie nature. Et les humains désiraient ardemment ces secrets, surtout en temps de guerre avec un ennemi aussi puissant que les leurs.

Les barbares auraient certifié que les problèmes des humains étaient bien moins importants que les leurs. Leur monde a récemment été chamboulé. Le sol a tremblé d’abord par petites secousses, puis dans un long grondement qui a vu le sol s’ouvrir et exposer ses entrailles. Leur territoire est maintenant affligé d’un trou béant, visiblement sans fond, duquel une complainte mélodieuse s’élève maintenant de temps à autres. Un clan complet a été avalé lors de l’effondrement et le chant des profondeurs affecte les dieux de chaque clan et leurs émissaires. Personne n’ose approcher cette zone qui se meurt peu à peu, mais la folie des divins gagnera bien vite le cœur des barbares.

Alors que les sauvages se questionnaient face à ces changements, que les réfugiés s’amassaient à Juste et que les colons avançaient vers les montagnes, une ville s’éveillait. Dans les profondeurs du continent, après des années d’oubli, ce géant a repris vie en même temps que tous les habitants de ce magnifique joyau qui chercheraient un sens à leur vie et à leur éveil. Le cri poussé lors de l’ouverture des portes et le doux hymne de leurs machines a retentit bien plus loin que l’oreille ne peut entendre et, même dans les jungles, les dragons et leurs serviteurs se préparent au pire. Entre ces dieux fous, l’inévitable rencontre d’un vieil ennemi et l’acharnement d’une nouvelle force militaire, le dernier bastion de tout ce qui est sacré pourrait bien tomber. Le jeu est prêt, il ne reste plus qu’à lancer les dés.